TRÉSOR DES SCIENCES OCCULTES
INTRODUCTION (1/5)
On me saura gré, je pense, avant de faire connaître à mes Lecteurs les sciences profondes qui, jusqu'à ce
jour, ont été l'objet des recherches les plus constantes et des plus profondes méditations, de leur découvrir comment ces secrets merveilleux m'ont été communiqués, et comment la divine providence, en me faisant échapper aux plus grands dangers, m'a, pour ainsi dire, conduit elle-même par la main, afin de prouver qu'il suffit de sa volonté pour élever jusqu'à elle le dernier des êtres, ou pour précipiter dans le néant ceux qui sont revêtus de la toute-puissance sur la terre.
Tout nous vient donc de Dieu, Dieu est tout, et sans Dieu rien ne peut exister. Qui plus que moi doit être pénétré de cette vérité éternelle et sacrée ; et vous qui lirez cet ouvrage, croyez !!!
Le général sous les ordres duquel je servais en qualité d'ingénieur, ayant été chargé par notre souverain du commandement d'une expédition secrète contre un monarque qui avait méconnu le droit des gens, en faisant assassiner les envoyés de notre pays. Je l'accompagnai dans cette expédition, et la flotte qui portait notre armée, mit à la voile le 25 septembre 1642. Quelques
jours après, nous fûmes assaillis par une tempête qui dispersa notre flotte, et qui maltraita cruellement le vaisseau sur lequel je me trouvais, ce qui nous força de relâcher dans un port égyptien, non loin des fameuses pyramides que les siècles ont respecté. Ne pouvant nous remettre en mer avant un mois, je voulus employer ce temps à quelque chose d'utile, et je demandai la permission d'aller lever le plan des pyramides. Mon général consentit bien volontiers à la demande que je lui faisais ; il fit plus, il me donna une escorte de dix cavaliers, bien montés et pourvus de vivres pour plus de huit
jours. Nous partimes, et nous arrivâmes à notre destination sans éprouver aucun accident, et sans rien apercevoir qui pût nous faire présager le sort funeste qui nous attendait. Nous avions mis pied à terre auprès des pyramides ; nos
chevaux étaient au piquet ; assis sur le sable, nous appaisions la
faim qui nous tourmentait, la gaîté française assaisonnait les mets qui composaient ce repas frugal : il était sur le point de se terminer, et j'allais m'occuper de mon travail, lorsque tout-à-coup une horde d'Arabes du désert tomba sur nous. Nous n'avons pas le temps de nous mettre en défense, des coups de sabre pleuvent sur nous, je reçois plusieurs blessures, mes malheureux
compagnons d'infortune sont couchés sur le sable, ou morts ou expirants, et nos cruels
ennemis après nous avoir enlevé nos armes et nos habits, s'emparent de nos
chevaux, et disparaissent avec la rapidité de l'éclair.
Je restai quelque temps dans cet état d'anéantissement
; enfin, reprenant un peu mes
forces, je me soulevai avec peine ; j'avais deux coups de sabre sur la tête et un sur le bras gauche ; je regardai autour de moi, je ne vis que des cadavres, un
ciel brûlant, un sable aride, un désert immense, une solitude affreuse, et l'espoir d'une mort certaine et cruelle. Je m'y résignai, et disant adieu à ma patrie, à mes parents, à mes amis, invoquant le
ciel, je me traînai au pied de la principale des pyramides, et le sang qui coulait avec abondance de mes blessures rougissait le sable sur lequel je rampais et qui devait bientôt selon moi être mon tombeau.
Arrivé au pied d'une de ces merveilles du monde, je me mis sur mon séant, et appuyé sur cette masse énorme qui avait déjà vu s'écouler plusieurs siècles, et qui sans doute devait encore en voir plusieurs disparaître, je songeai au néant de mon existence qui allait bientôt finir, ainsi que le
jour qui touchait à sa fin, car le
soleil radieux était sur le point de se plonger dans l'Océan.
Astre brillant, reçois mes adieux, dis-je avec émotion, mes yeux ne te reverront plus, ta lumière bienfaisante ne m'éclairera plus ; adieu, et en prononçant cet adieu que je croyais éternel, il disparut, et la nuit vint le remplacer, et couvrit l'univers de ses sombres voiles.